Photographies aériennes par cerf-volant / Kite aerial photography / KAP Construction du viaduc / déviation de Meaux - Photos : Emmanuel Colonnier, Galerie créée le 14/11/2003
Lorsqu'elle se fait aérienne, la photographie garde bon nombre des qualités et potentialités de sa grande soeur, la photographie "terrestre". En s'envolant, elle y ajoute une pointe de légèreté et la surprise d'un point de vue "d'en haut".
Dans sa pratique photographique personnelle, on peut entre autre choisir de s'orienter vers une recherche esthétique, artistique voire même conceptuelle. Le photographe peut se concentrer sur des "beaux sujets", s'adonner au reportage, il peut aussi ne photographier exclusivement des sujets naturels, ou rendre compte des réalisations ou des rassemblements humains. En prenant de la hauteur, la photographie aérienne autorise également cette amplitude de choix (peut être mis à part le portrait ou le reportage intimiste). Mais la vue "d'en haut" revêt un intérêt tout particulier et supplante la photo "terrestre" pour les sujets et les espaces vastes, qu'ils soient naturels ou de la main de l'homme. Ainsi, l'architecture, l'urbanisme, la cartographie, l'agriculture ou la gestion des espaces naturels, l'archéologie sont autant de sujets où la photo aérienne excelle et rend d'immenses services en offrant une vue jusque là inédite.
La photographie est donc trace. Chaque image est l'enregistrement de LA trace d'un "quelquechose" à un instant donné. Par exemple, alors qu'un chantier de travaux publics modifie en profondeur et durablement notre paysage quotidien, la photographie enregistre pour "les générations futures" l'image de cet avant et de ce pendantde cet ouvrage que l'on cotoie aujourd'hui comme s'il avait toujours été là. Or, il n'en est bien sûr, rien. Dans le cas, comme ici, de l'avancée de la construction de l'auto-pont de la déviation de Meaux (Seine et Marne), les prises de vue offrent différentes portions de l'ouvrage, mais elles se doublent d'un témoignage dans la durée sur l'avancée du chantier.
Au tournant du XIXè siècle, Eugène Atget enregistra frénétiquement "ce qui va disparaître". Son oeuvre est immense à la fois par ces documents d'un Paris perdu mais aussi par la dimension poétique de sa démarche et de ses images. Dans le même temps, certains de ses confrères, en photographiant l'avancée des chantiers de construction ont capté ce qui était en train d'apparaître. Les oeuvres de l'un et des autres, peuvent sembler antagonistes. Elles sont, au contraire, tout autant riches et estimables.