Cest souvent en parlant des lignes ou de photos "pas très nettes" que les vibrations de la ligne sont mises en avant.
Examinons en premier lieu l'origine des vibrations.
Le plus souvent, c'est la ligne qui est suffisamment tendue pour se mettre en vibration sous l'effet du vent. Le cerf-volant est alors considéré comme un point fixe. C'est le principe des harpes à vent et de tous les systèmes à cordes de musiques aéoliennes. Familièrement nous disons que la ligne "chante". Ces vibrations ont un déplacement transversal. Elles ont des fréquences très grandes, et donc des amplitudes très faibles. Notons qu'une fréquence élevée correspond à une amplitude faible, et à une énergie peu importante. Une fréquence peu élevée aura une amplitude plus importante, et beaucoup plus d'énergie. Un rien suffit à stopper ces vibrations. Une pince à linge posée sur la corde peut suffire si sa masse est suffisante. Elle peut alors créer un noeud, c'est à dire un point où l'amplitude des vibrations devient nulle. Au départ, les deux noeuds sont le cerf-volant, et le point d'ancrage. La longueur de la partie de corde vibrante produit des fréquences plus élevées quand la longueur entre deux noeuds est plus courte. Si une pince à linge suffit à stopper les vibrations et à produire un noeud, la nacelle de masse bien plus élevée le fera aussi. Et comme elle induit un noeud, celà veut dire qu'elle ne bouge pas. Vous pouvez vérifier quand vous installez une nacelle sur le fil, juste avant de la poser, vous ressentez cette vibration, et vous pouvez entendre chanter la ligne. Une fois la nacelle posée, en dessous de celle-ci, on n'entend plus la corde chanter. mais une fois la nacelle éloignée la corde se remettra à chanter, cette fois à cause du vent sur la partie de ligne entre la nacelle et le sol.
Il existe une autre origine aux vibrations, c'est le cerf-volant lui-même. il n'est plus un point fixe, mais un moteur à vibrations. Il nous arrive parfois de sentir dans la corde de telles vibrations, qui nous donnent l'impression que la corde est sans cesse tirée au rythme de quelques impulsions par seconde. Il est vrai que ces vibrations sont longitudinales, ont une fréquence très basse, et une amplitude de quelques millimètres. La pince à linge sera totalement inefficace pour amortir ces vibrations. Même la nacelle n'y suffit pas. La preuve en est que nous ressentons ces vibrations au sol, avec la nacelle posée sur la ligne. Par contre, le gros anneau en caoutchouc qui agit en absorbant jusqu'à quelques millimètres de fil, est efficace. Il agit en effet sur le déplacement longitudinal de l'onde vibratoire. Cependant, au niveau de l'appareil photographique, grâce à l'inertie de la nacelle et à la longueur pendulaire de la suspension, le phénomène n'y est pas répercuté.
Il existe enfin une troisième impulsion périodique, je n'ose plus parler de vibration, qui est la variation de la traction du fil selon les variations du vent. Ces variations, de plusieurs kilos, produisent des allongements du fil de plusieurs, voire quelques dizaines de centimètres de longueur suivant la nature du fil de retenue. Bien entendu, celà produit des déplacements longitudinaux de la nacelle qui deviennent préjudiciables à cause du balancement rapide de cette dernière. On ne peur s'y soustraire, et il faut alors imaginer des dispositifs de nacelle pour combattre les effets de ces impulsions.
En imaginant que le vent est très régulier, donc aucune de ces dernières impulsions, et qu'il est sufffisamment fort pour produire à la fois les vibrations transversales et longitudinales citées ci-dessus, voyons quel déplacement maximum produirait des photos floues.
Pour cela il faut calculer le déplacement qui produit un écart significatif d'un point de l'image par rapport au cercle de confusion. Je prends por cela la valeur de l'acuité visuelle qui est plus petite que le cercle de confusion. (Voir sur mon site au chapître photo pour ces deux notions et la relation entre les deux). Le déplacement supposé serait alors égal à la focale multipliée par l'acuité. Pour un photoscope compact, ce serait par exemple 7x0,0004 = 0,0028mm soit pratiquement 3 microns. Je prends aussi la vitesse d'obturation moyenne de 1/250 soit 0,004 secondes ou 4 milli secondes. Supposons que l'amplitude se fasse totalement pendant le temps d'exposition. La période vibratoire est alors égale au temps d'exposition, et la fréquence est alors de 250 hertz. Ainsi, l'amplitude mesurée, et la fréquence feraient que toutes les photos seraient floues si la nacelle ne servait pas de noeud pour de telles vibrations.
Les vibrations dues au cerf-volant sont évidemment de fréquence beaucoup plus basses, disons 5 hertz, soit une période de 0,2 secondes. Leur amplitude est plus importante, entre 0,1 et quelques mm. Là encore, ces vibrations sont sans effet sur les photos, sauf cas extrêmes.
Quelles sont vos expériences sur ces phénomènes. Qu'avez-vous observé, ressenti? Que vous suscite la description ci-dessus?
Avez-vous parfois obtenu des photos de paysages parfaitement nettes où on a l'impression de voir le fil vibrer?