de becotus le Mer 15 Octobre 2014, 18:16
Rechercher un cerf-volant qui vole par vent faible à très faible c'est répondre à plusieurs critères bien spécifiques:
- avoir un excellent rendement aérodynamique
- disposer d'une large surface portante pour assurer la portance nécessaire
- être construit pour obtenir une charge alaire aussi faible que possible.
- se comporter de façon satisfaisante dans les vents ascendants.
A cela s'y ajoutent les spécificités d'un vent faible.
On peut qualifier de vent faible un vent de moins de 4 m/s et de vent très faible un vent de moins de 2 m/s.
Pourquoi? Simplement parce que seuls les cerfs-volants les plus légers volent à moins de 4 m/s et qu'en dessous de 2 m/s il n'y a plus que les cerfs-volants indoors, les combattants et quelques pilotables qui tirent leur épingle du jeu. Ils y parviennent seulement par l'action du pilote qui crée du vent apparent et lui permet d'évoluer.
pour être réaliste, à 0,1 ou 0,2 m/s près, bien peu de cerfs-volants se maintiennent en l'air en dessous de 32 m/s et il n'y a guère de cerfs-volants qui tiennent seuls en l'air en dessous de 2,5 m/s.
Question aérologie, un vent n'est jamais régulier. Un vent faible dominant est rare. En l'absence de vent dominant suffisamment établi, et surtout en été, les mouvements thermiques produisent des sautes de vent momentanées, des ascendances s'amorcent, des thermiques s'établissent parfois de façon durable. En hiver, il y a moins ces situations, du coup, on vole, ou on ne vole pas.
Sinon, les vents à tendance ascendante font monter le cerf-volant plus verticalement, et dès que le vent faiblit, toute le fil se détend. Avant de retrouver un angle de fil convenable le cerf-volant flotte et plane. Avec le poids du fil il peut partir en glissade avant. Avec une nacelle c'est vite le cauchemar.
Prenons le delta SV4. Il vole bien de 3 à 10 m/s et on l'utilisera en aérophoto de 3,5 m/s (avec une nacelle légère) à 8 m/s.
Sa charge alaire est de 0,15 mais comme tous les deltas il n'a pas un bon rendement. Alors, peut-on en faire une bête de compétition? Il ne faut pas rêver.
En premier sa surface portante ~4 m² est insuffisante pour obtenir une force ascensionnelle suffisante à 3 m/s. Comme cela a déjà été très justement indiqué, retirer les traines ajourées le rendra aussi instable et imprévisible que la plupart des deltas. Michèle et Philippe sont dans le vrai, c'est risquer gros. Le gain en poids est peu significatif. Moins cambré, il volera plus haut avec un angle de fil plus important mais avec peu d'incidence il perdra aussi en traction. Il risque de ne même plus porter une nacelle légère alors qu'il le fait à 3,5 m/s.
La seule amélioration qui est possible est d'alléger l'armature avec des longerons en carbone Ø7mm. j'ai essayé en Ø6mm mais ils plient très vite et la surface portante diminuant la portance aussi. Avec un vent suffisant il monte moins la nacelle. Le peu qui est gagné à un moment est ensuite perdu.
Pour voler dans des vents légers il faut tout reconsidérer. Prendre un cerf-volant dont le design procure un bon rendement. Le type est le Rokkaku. Les Roller, Doperos, Cricos, Yakamate sont des dérivés. D'autres ont aussi des qualités de vol, les Jessicas, Genkis, Polyfax (alias Fled), etc... Penser aussi à des trains qui sont moins sensibles aux variations de brises.
Pour porter une nacelle par vent faible la surface portante nécessaire est de 5m² au moins pour les cerfs-volants avec les meilleurs rendements aérodynamiques et 6 m² pour les autres.
L'optimisation de la charge alaire passe par l'allègement maximal tout en conservant suffisamment de robustesse pour les sautes de vent, les ascendances, etc. a voilure sera donc en spi type icarex ou autre de densité ~30g/m². Les baguettes en carbone choisies en qualité et en optimisant les diamètres selon les efforts sur la structure. Alléger au détriment de déformations intempestives est source de problèmes. Penser qu'un thermique établi produit facilement un vent ascendant de 10m/s soit force 6! Par exemple un mat de Rokkaku ne doit pas fléchir dans sa partie supérieure.
Pour éviter les problèmes dans les déventes le cerf-volant sera équipé d'une bride de rappel ou anti-thermique qui le cabre lorsque le vent s'estompe.
Par ailleurs, un tel cerf-volant risque de tirer trop fort dans un courant ascendant ou dans une reprise de vent. Il sera donc aussi équipé d'une bride élastique qui modifie le bridage au delà d'une certaine traction.
Pour parler de la ligne, du poids peut être gagné avec un polyéthylène haute densité tout en gardant une résistance suffisante. Penser aux coups de vent et aux ascendances, sur la surface portante d'un cerf-volant à bon rendement, cela peut surprendre. Donc pas moins en résistance que ce que l'on met d'habitude en aérophoto.
Le bon conseil est de laisser le delta SV4 comme il est. Il rendra toujours et infailliblement de grands services dans sa plage de vol. Pour une autre gamme de vents, il faut délibérément se tourner vers une solution appropriée.