J'ouvre le bal des CRASHS ...
J’ai donc été fouiner dans mes notes et mes 7 carnets de vol pour retrouver les conditions exactes de mes différents incidents et Crashs. Pour simplifier, j'ai mis cela sous la forme d'un tableau Excel.
Mes statistiques portent donc sur
397 séances de travail dont
316 en cerf-volant, 60 en ballon et 21 avec d'autres vecteurs (mat, échelle, perche ..).
Je rappelle que je n’utilise plus que des Rokkakus depuis 1994 et que la quasi exclusivité des séances de travail est à visée archéologique. Les carnets de bord sont indispensables pour me permettre de rédiger mes rapports de mission et, comme ici, pour permettre une analyse à posteriori des évènements. Ils ne prendront leur aspect actuel qu'à partir de 1994.
Le tableau est divisé en deux parties : avant et après la mise en place de la bride élastique avec une sous division bride élastique petit modèle et grand modèle. ("BE" = "Bride Elastique")
Au total j'ai donc eu 19 crashs ayant entraîné des dégâts importants ou majeurs sur l'ensemble nacelle/appareil photo, dont 17 en cerf-volant analysés ci-dessous.
Le renouvellement du matériel photo est donc très régulier !
Causes : La part la plus importante est due à des problèmes « météo » :- 6 par phénomènes de bulle thermique
- 5 par chute de vent
Le reste est multifactoriel :- 3 vrais crashs par rupture de ligne
- 1 par rupture du balancier
- 2 par erreur de récupération
Bilan-analyse : -
Thermiques : les 9 incidents sont tous survenus en situation désertique en hiver avec hélas 6 crashs.
L'analyse précise de tous les incidents-accidents m'a permis de confirmer l'impression que j'avais, à savoir que l'introduction de la bride élastique arrière pour vent fort avait une réelle efficacité anti-thermique. Dans la bulle thermique, mes Rokkakus ne décrochent plus vers l’avant mais parachutent doucement en arrière. Il reste que certains phénomènes météorologiques, comme le passage d’une trombe (Iran 2001), peuvent être délicats à gérer. Quand j'arrive sur un nouveau site archéologique, un peu vacciné par l'expérience, je prends toujours un ou deux jours pour faire le tour du terrain (configuration) et comprendre l'aérologie locale en fonction des heures de la journée. Mais malgré ça ...
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Loopings sur vent devenu trop fort : c’est une situation très stressante surtout si la nacelle est sur le fil. J’ai vécu cela 9 fois, sans perte de matériel … grâce à la virtuosité de récupération de mon épouse ou d’un archéologue.
L’introduction de la bride élastique a été également très bénéfique. Mais c’est depuis l’utilisation d’un plus grand élastique que la stabilité est réellement au rendez-vous. Désormais les plages de vent de mes Rokkakus se chevauchent suffisamment pour être à même de supporter une bourrasque soudaine ou le passage dans une couche de vent beaucoup plus fort lors d’une mise en altitude. Ces performances seront à confirmer avec un peu plus de recul.
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Chutes de vent : 5 crashs et 42 sueurs froides … C'est pour moi la plus grande source de stress. Quand on travaille tout seul, et que l’on tient le cerf-volant, on ne peut que voir (ou entendre) sa nacelle se vautrer au milieu des rochers, dans le sable ou les ruines d’un site. J’avoue que la solution c’est surtout de ne pas voler quand le vent n’est pas assez porteur ou trop irrégulier. Dans mon cas particulier, l’obligation de résultat dans un temps de mission donné m’incite souvent à tout de même tenter … en prenant des risques. Dans des conditions météo délicates je m’efforce de ne jamais travailler tout seul et d’avoir une personne qui est chargée de la récupération de la nacelle .. au cas où. Si elle a une bonne dextérité, l’œil vif et que le sol est sans embûches on a des chances ! Mais l’échec de récupération fait partie de l’aventure scientifique non ?
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mes ruptures de lignes : 1 rupture d’un anneau d’accrochage en zamac (Crête), 1 rupture sur un nœud sur une ligne en kevlar (Egypte) et 1 par frottement sur le fil de fer en haut d’une clôture anti-girafe (Zimbabwe). Les solutions sont simples : anneaux en acier, pas de nœuds, réfection régulière de l'extrémité du fil de retenue, et un peu plus d’attention au parcours du fil.
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La rupture du balancier : c’était au Soudan en 1994 … sur un prototype de pendule en bois trop fragile. Depuis le pendule est en fibre de verre et surtout j’ai une double ligne de vie-sécurité qui m’a sauvé 2 fois le matériel.
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Les erreurs de récupérations : la solution est de ne jamais travailler seul, de ne pas être dans la précipitation et surtout d'anticiper les conneries
Voilà !
Au suivant ...
Amitiés
BN